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Carnets de voyage en Inde

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Vendredi 5 Décembre 2014
 PascaleVert
J’y suis, ça y est. L’Inde est là aussi… la rencontre a eu lieu…
alors je m’installe un peu et tout ça prend  forme petit à petit…. la plaque sur le mur du shala, la première pratique, pleine de gens et de bruits, une noix de coco juste après , les fleurs encore là en decembre, les chiens endormis sur le trottoir que nous réveillons en passant tôt le matin, les vaches broutant les poubelles, les saris et leurs habitantes flottant légèrement sur la route et.. bien entendu tous ces yogis….

Pratiquer avec tous ces gens est très étrange…. Je me suis un peu perdue, ne savais pas bien où j’étais, pas trop la sensation de moi… La pratique a passé comme un éclair, sans que je m’en rende bien compte

Anne et Pascal disent la même chose, toutes les postures sont là, tous les instants sont là mais le temps on ne sais pas bien ce qu’il fait.

Et puis c’était la pleine lune qui m’a fait penser à vous… Vous l’avez regardé aussi, j’en suis sûre…. Nous y étions ensemble… Vous le savez qu’on ne pratique pas ce matin là ? Alors grasse matinée … A bientôt

 

 



Vendredi 12 Décembre 2014

astrologerÇa bouge tout le temps, les scooters passent, sans cesse, klaxonnent, les rikshaws se faufilent entre les rangées de voitures, entre les piétons, les écoliers en uniforme sur leur vélo, les marchands ambulants, les voitures, les animaux …. La vie est intense  et incessante, pourtant rien de tout ça ne génère de stress. Les sourires restent innombrables, personnes ne mont rent ni agressivité, ni mécontentement. Personne ne crie, ne se fâche.

Dans la rue où nous habitons, il y a une bande de chiens tout joyeux qui dorment sur le trottoir. Il est tout à fait évident qu’ils peuvent dormir à points fermés, que rien ne les inquiètent, ils s’abandonnent au sommeil. Et je ne dis rien des vaches. …Les humains sont au diapason.

Alors, il est vite fait de faire le parallèle avec notre existence occidentale. Pourqvisage arbreuoi sommes nous si stressés ? inquiets ? tendus? La contrepartie de notre style de vie serait~elle cela? Se sentir séparés ? Avoir à se défendre ? Ne pas pouvoir être naturels ? ne pas pouvoir être satisfaits ? A ce propos l’attitude des enfants est très parlante… J’ai eu de brèves conversations quelque fois et j’ai toujours été étonnée par leur absence de barrières. Je n’ai pas senti une once de peur envers l’adulte, ni envers l’étranger. C’est beau et rare de sentir cette absence de danger. Je comprends maintenant qu’il ne peut être que positif d’amener nos enfants ici. C’est un vrai repos.

Tout n’est pas rfluteose, certainement, mais il y a la possibilité de ce repos.

J’essaye de le trouver dans ma pratique qui commence maintenant à 4h30 du matin. Si, si, je vous assure que c’est une heure très douce… Il fait nuit, tout le monde est calme et concentré, juste le son des respirations…. Il n’y a plus de fatigue sur le tapis, c’est comme passer dans un autre monde…

Je vous envoie de reposantes pensées matinales…


 

Jeudi 18 décembre

Pratiquer à Mysore
Il est vraiment temps maintenant que je vous raconte comment se passe la pratique.
Si elle dure environ deux heures, elle prend beaucoup de place dans la journée et bien sûr tout s’organise autour de ça.

Il y a deux shala (école, salle de pratique), « the main shala » et celui de Sarasvathi. C’est dans ce dernier que nous pratiquons tous les trois, Anne, Pascal et moi. Ils sont à 5 mn à pied l’un de l’autre.Lors de notre inscription, nous recevons un horaire pour commencer la pratique. Si j’ai bien compris ceux qui viennent d’arriver et les débutants ont des horaires plus tardifs (7h30/8h00). Les premiers commencent à 4h30 et peut être même 4h00, car il y a déjà du monde lorsque j’arrive à 4h30.

Oui, oui, j’ai troqué mon 7h30 contre un 4h30… Bien sûr, je veux vivre l’expérience le pus intensément possible, mais surtout c’est tellement plus calme à cette heure là. Le soleil n’est pas levé, les chiens dorment encore blottis dans un coin ou même au milieu de la route, le marchand de noix de coco n’est pas encore là, il fait frais, la salle n’est pas pleine, Sarasvathi dit peu de choses… Je peux entendre mon souffle… La lumière est très tamisée. Un petit autel dans un coin, une statue de Ganesh entre deux lampes à huiles, et une grande photo de Patabhis Joïs souriant… Il sourit d’ailleurs sur toutes les photos…. J’essaye d’explorer différents endroits mais je dois dire que j’aime être devant l’autel.

Vous pensez peut être que c’est bien trop tôt ? Je suis étonnée moi même de la facilité avec laquelle je pratique à cette heure là. Quand le réveil sonne je resterais volontiers au lit, évidemment, mais quand je suis sur mon tapis, toute fatigue disparaît, c’est comme si je passais dans un autre monde.

Dans la salle, nous pouvons être jusqu’à une quarantaine, avec 10 cm entre chaque tapis quand c’est plein. Sarasvathi, aidée de 3 ou 4 assistantes ajustent les élèves… Sarasvathi est la fille de Patabhis Jois, elle a 73 ans. Son anglais approximatif traverse la salle avec rudesse parfois « no, no you, right leg », « you catching today » « kurmasana catching  » bien entendu tout ça avec l’accent indien.

Nous pratiquons 6 jours par semaine. Des pratiques « Mysore » (c’est à dire non guidées) tous les matins sauf le samedi et le dimanche. Le samedi, pas de pratique et le dimanche une pratique guidée, cette fois dans « the main shala ». Comme tout le monde est là en même temps, ça fait peut être 80 personnes. Bien sûr la pièce est bien plus grande, plus haute de plafond… Mais il y a certaines postures qui sont à peine faisables car il n’y a pas de place… Ça n’est pas le confort des PO !

Nous avons encore deux grasses matinées par mois, à la pleine lune et à la nouvelle lune.Nous avons aussi des séances de chanting au grand shala avec Lasmish. Il a toujours quelques petites fleurs posées sur la tête et un don tout particulier pour m’endormir. Heureusement Anne fait aussi des séances de chanting à la maison et là, je chante avec le cœur bien réveillé.

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Après deux semaines de pratique, les choses me sont un peu plus familières mais tous les jours c’est tellement différent. Dans ce contexte on ne peut que comprendre et voir l’exigence et la beauté de la pratique, d’autant que certains font aussi les autres séries…. Alors du coin de l’œil….
En spectateurs, Pascal et moi sommes allés voir la deuxième série guidée par Sharath… Très beau et impressionnant…

Promis, je ramènerais un peu de beauté et d’exigence d’ici!

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Samedi 27 décembre 

Quelques pensées sur le yoga.

  • De l’importance de la « pratique Mysore ».
    Depuis l’année dernière surtout, j’ai insisté sur l’importance de pratiquer seul, sans être guidé. Ceci qui implique de connaître la série par cœur pour pouvoir enchaîner toutes les postures dans l’ordre. Cela fait maintenant trois semaines que je fais ainsi : 5 pratiques Mysore et une pratique guidée par semaine…
    Je sais que beaucoup d’entre vous aiment être guidés. Je comprends et j’apprécie aussi le repos que ça procure. Une ou deux fois par semaine, c’est parfait pour moi. J’aime aussi l’unité que cela crée… La voix et tout l’orchestre ensemble. Quand on est 70 dans une salle ça donne réellement cette impression d’unité.
    La pratique Mysore est bien différente. Elle est l’étude, la recherche, le travail de l’intérieur et à l’intérieur…. un véritable poste d’observation de soi. Chaque jour est différent et la compréhension vient à force de répétition.Certaines choses deviennent vraiment visibles : les habitudes, les peurs, les douleurs, les oublis, les évitements, les résistances, les joies, l’inconscience… Par le fait qu’elle aide à la compréhension, elle nous permet de réparer, de construire notre stabilité. Pour cela la « pratique Mysore » est essentielle…. Alors à vous!
  • Le yoga c’est la stabilité du corps et de l’esprit, nous dit Patanjali. C’est par la pratique des asanas que nous pouvons stabiliser le corps. En répétant les postures le corps devient plus calme, plus présent, plus conscient… à proprement parler nous tenons mieux sur le sol, notre équilibre est meilleur. Ce qui vaut pour le corps vaut aussi pour l’esprit. Comprendre avec/par le corps, c’est la base de l’Ashtanga yoga. Il semblerait pourtant que le mental ait besoin d’outils plus précis pour être stable… C’est là que le souffle et les dristis interviennent…. un stade plus subtil. Rien de tout ça n’est donné par miracle, il y a beaucoup de pratique, de patience, d’abandon et d’amour…. Alors parfois, c’est aussi clair et joyeux qu’un petit ruisseau
  • Il y a différents niveaux de pratique, comme il y a différentes raisons de faire du yoga. Nous pouvons souhaiter rester au plan physique et aimer assouplir le corps, le fortifier, le rendre plus solide et stable. Nous pouvons aussi entrevoir dans fleur2la pratique la possibilité d’apporter de la clarté à notre vie et même de la transformer. Elle prend alors une tout autre dimension. Beaucoup d’entre nous viennent au yoga car il est dit qu’il permet le bien être et apporte le calme…. Tout est possible, il y a 10000 portes pour entrer et il est toujours bon de connaître nos motivations.

Je vous mets aussi quelques fleurs…..

 


Dimanche 4 janvier

Atterrissage et vœux

Après toutes ces heures passées dans le ciel et les aéroports, je suis de retour dans le Vallespir, un peu fatiguée, un peu déboussolée, un peu frigorifiée aussi… J’ai retrouvé ma fille avec un immense bonheur et la vie telle qu’elle est ici, bien différente de ce que nous vivions là-bas.

Je pense bien sûr à tout ce que j’ai à vous raconter, pas juste pour raconter un voyage mais pour vous transmettre ce que j’ai vu, pu approfondir et comprendre de la pratique. Voilà donc quelques pensées qui me viennent après l’autre bout de la terre…

Depuis que j’ai rencontré le yoga, je n’ai pas cessé d’être surprise de l’existence d’une telle pratique. Cet étonnement est toujours là, en Inde aussi et encore plus. En faisant la première série tous les matins, on se rend bien compte de l’exigence physique et mentale de cette pratique, tout prend une autre dimension. Bien entendu, rares sont ceux qui font cela du jour au lendemain, souvent l’approche se fait doucement…. mais nous étions là, entourés de gens qui pratiquent dans cette intensité. Et après ce moment passé sur le tapis, nous allions déjeuner, rions et parlons légèrement mais cette exigence et ce travail étaient là, ils accompagnent…. J’en reparlerai…

Nos (mes) paroles tournent autour du sujet mais le yoga n’est pas explicable. Il ne s’explique pas, il se pratique. C’est un processus qui apparaît à l’intérieur de nous, qui grandit avec plus ou moins d’intensité, de ferveur. Sharath, lors d’une de ses conférences, disait qu’il valait mieux ne pas lire trop de livres, que trop de livres apportaient plus de confusion et que l’important était ce qui se passait en nous…. Mais bien sûr il y a « les yoga sutras » de Patanjali…. Nous en reparlerons

Ce que j’aimerais vous rapporter de l’Inde, c’est un peu de leur tranquillité et de leur calme. C’est certainement ce qui m’a le plus touché dans l’attitude générale, cette absence de stress et de tension. La pratique de l’Ashtanga est exigeante; raison de plus pour pratiquer avec calme et légèreté, en comprenant et respectant ce que nous sommes…yogaTrsp2

Je vous souhaite une merveilleuse année 2015, douce et légère

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